La loi et la protection des données : COPPA et RGPD

L’âge de 13 ans est en partie fixé par le Children’s Online Privacy Protection Act (COPPA) aux États-Unis, qui interdit la collecte de données personnelles pour les mineurs sans le consentement parental. En Europe, le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) impose des restrictions similaires pour protéger les mineurs de moins de 13 ans.

Les limites des lois face aux pratiques des jeunes

Malgré ces régulations, les jeunes contournent facilement les règles d’âge grâce à des fausses dates de naissance lors de l’inscription. L’attractivité des réseaux sociaux et la facilité d’accès en font des plateformes très prisées, même par des enfants bien plus jeunes que l’âge requis.

Les raisons pour lesquelles les jeunes sont attirés par les réseaux sociaux

Les réseaux sociaux répondent au besoin d’appartenance et d’interaction sociale, particulièrement fort chez les préadolescents et adolescents. Suivre des influenceurs, rejoindre des groupes de pairs, et partager des moments de vie répondent à un désir de connexion sociale. Cependant, cette attirance peut comporter des dangers.

Les dangers potentiels d’une utilisation précoce des réseaux sociaux

Pour les jeunes enfants, les réseaux sociaux comportent des risques en termes de sécurité, de santé mentale et de développement. Comprendre ces dangers permet de mieux les encadrer.

Exposition au contenu inapproprié et cyberharcèlement
Les réseaux sociaux exposent les jeunes à des contenus non filtrés, notamment des vidéos violentes, des informations fausses ou alarmantes, et des échanges inappropriés. Axelle Desaint, directrice d’Internet Sans Crainte, met en garde contre ces dangers : « Les réseaux peuvent être des alliés, mais un usage précoce expose les jeunes à des contenus qu’ils ne sont pas encore prêts à gérer. »

En outre, le cyberharcèlement est un fléau majeur sur les réseaux sociaux, où les jeunes peuvent être la cible d’intimidations répétées. Ce harcèlement peut avoir de graves conséquences sur leur bien-être, entraînant des effets psychologiques lourds.

Dépendance et perte de confiance en soi
Les algorithmes des réseaux sociaux sont conçus pour capter l’attention. Le risque de dépendance est particulièrement fort chez les jeunes, qui peuvent passer des heures sur leurs écrans au détriment de leur scolarité et de leurs interactions dans le monde réel. Les réseaux sociaux, notamment Instagram et TikTok, peuvent aussi avoir des effets délétères sur la confiance en soi. Chez les jeunes filles, la comparaison avec les images souvent retouchées qu’elles voient en ligne peut réduire leur estime de soi, comme l’ont révélé plusieurs études.

L’empreinte numérique et la confidentialité des données
Les jeunes n’ont pas toujours conscience de l’empreinte numérique qu’ils laissent en ligne. Partager des informations personnelles, comme leur localisation ou des photos, peut les exposer à des dangers, notamment la surveillance par des inconnus ou des entreprises qui exploitent leurs données.

Les bénéfices d’une autorisation encadrée et progressive

Malgré ces dangers, il n’est pas toujours réaliste de retarder complètement l’usage des réseaux sociaux. Une autorisation encadrée peut offrir des bénéfices, notamment en termes d’apprentissage et de socialisation.

Favoriser l’esprit critique et l’éducation numérique
Utiliser les réseaux sociaux de manière constructive permet aux jeunes de développer leur esprit critique face aux informations qu’ils rencontrent. Axelle Desaint recommande un usage accompagné : « En tant que parents, nous devons donner des clés aux enfants pour qu’ils utilisent le numérique en toute conscience. »

Les plateformes sociales peuvent également servir de vecteurs éducatifs. Bien encadrées, elles permettent d’échanger avec des experts, de découvrir des contenus pédagogiques et d’élargir leur perspective sur le monde.

Socialisation et inclusion
Dans une époque où les interactions passent de plus en plus par les réseaux sociaux, en interdire complètement l’accès peut isoler les jeunes. La génération actuelle adopte le numérique comme un prolongement de leurs relations sociales. Un usage contrôlé peut favoriser leur inclusion et leur permettre de se sentir intégrés dans les discussions et les activités de leurs pairs.

À quel âge est-il conseillé de laisser les enfants accéder aux réseaux sociaux ?

Les avis varient, mais la plupart des experts recommandent d’attendre l’âge de 13 ans, voire plus, pour autoriser l’accès aux réseaux sociaux, et d’accompagner les enfants dans leurs premiers pas.

Privilégier une approche progressive et encadrée
Un accès total dès 13 ans n’est pas nécessairement la meilleure solution. Certains parents choisissent d’introduire les réseaux progressivement, en commençant par des plateformes plus restreintes ou des comptes privés et surveillés. Il est impératif de passer du temps avec son enfant sur les premiers usages des réseaux en regardant les réglages de chacune des applications afin de limiter les intéractions avec des inconnus.

Fixer des limites claires et respecter un équilibre
Fixer des règles d’utilisation est essentiel pour éviter que les réseaux ne prennent trop de place. Par exemple, limiter le temps d’écran, exiger une heure sans téléphone avant le coucher, et réserver des moments sans écran en famille sont des moyens d’encourager un usage équilibré.

Créer un dialogue ouvert et renforcer la confiance
Il est essentiel que les enfants se sentent en sécurité pour discuter de leur expérience en ligne avec leurs parents. Encourager le dialogue permet de répondre à leurs questions et d’identifier tout problème éventuel, comme le cyberharcèlement. Axelle Desaint conseille de privilégier un « dialogue honnête et continu pour que l’enfant se sente accompagné, sans jugement. »

Conseils pratiques pour encadrer l’utilisation des réseaux sociaux par les jeunes

Une approche proactive est essentielle pour protéger les jeunes tout en leur permettant de tirer parti des aspects positifs des réseaux.

1. Utiliser des outils de contrôle parental
   Les applications et les paramètres de contrôle parental permettent de surveiller et de limiter le temps passé sur les réseaux sociaux. Ces outils permettent aussi de restreindre l’accès à certains contenus.
2. Enseigner les bonnes pratiques de confidentialité
   Apprendre aux jeunes à protéger leurs données personnelles, à régler leurs paramètres de confidentialité et à être sélectifs avec leurs abonnés peut réduire leur exposition aux dangers en ligne
3. Encourager l’équilibre entre écran et activités hors ligne
   Encourager les activités sportives, artistiques et sociales en dehors des écrans permet aux jeunes de développer des centres d’intérêt divers et d’éviter de devenir dépendants des réseaux sociaux.
4. Favoriser l’esprit critique
   En leur apprenant à questionner ce qu’ils voient en ligne, les parents aident leurs enfants à éviter les fake news, les publicités trompeuses et les discours haineux. Des discussions régulières sur les enjeux du numérique aident les jeunes à mieux comprendre les informations qu’ils rencontrent.

En conclusion : un accompagnement bienveillant et progressif

L’âge idéal pour autoriser les réseaux sociaux peut varier selon chaque enfant, mais il est crucial de favoriser une introduction progressive et bien encadrée. Les réseaux sociaux font partie intégrante de la vie des jeunes d’aujourd’hui ; en tant que parents, il est important d’apprendre à accompagner leur usage.

Axelle Desaint résume cette démarche : « Sensibiliser, dialoguer, et éduquer sont les meilleurs outils pour que les jeunes puissent tirer parti du numérique tout en restant en sécurité. »

Encadrer l’accès aux réseaux sociaux avec vigilance et bienveillance permet de préparer les jeunes à évoluer de façon responsable dans le monde digital.

L’équipe Soft Kids 🌈