Après l’annonce faite jeudi soir par le président de la république, mes réseaux sociaux (WhatsApp, Facebook, LinkedIn et Instagram) sont inondés de messages sur le travail à la maison avec les enfants !
La France a énormément évolué sur le télétravail ces trois dernières années mais la culture du présentéisme est encore très forte. Nous avons des progrès à faire dans ce domaine mais cette crise sanitaire aura probablement le bénéfice de faire accélérer les choses.
Travailler avec des enfants à la maison est encore un sujet tabou Quand on sait que beaucoup de managers sont réfractaires au télétravail, alors le télétravail avec des enfants, on n’en parle même pas… Les idées préconçues sur le sujet ressurgissent inévitablement. Côté employeur : mes salariés vont faire des machines, la cuisine, s’occuper des enfants… Impossible de travailler correctement dans ces conditions… Et côté salarié, surtout quand on est une femme : on a « imposé » à notre entreprise un voire plusieurs congés maternité. On a déjà épuisé tous nos jours enfants malades pour la gastro et la grippe. Alors si en plus on travaille de la maison avec les enfants, on pense que c’est le placard assuré, ou l’absence de bonus en 2020…
#tabou absolu !
I – Les sept résolutions pour changer la donne !
Si vous êtes comme moi et que vous avez des enfants en bas âge (un « grand » de 7 ans et des jumeaux de 2 ans), la vérité c’est que le dimanche soir vous êtes souvent aussi fatigués qu’un soir en semaine. S’occuper d’enfants à temps plein, c’est potentiellement épuisant, physiquement et émotionnellement. Du coup, à l’annonce de la fermeture des crèches et des établissements scolaires, c’est la panique à l’idée de passer plusieurs semaines avec ses enfants à la maison tout en devant travailler.
Alors on respire, on relativise et on prend tout de suite de bonnes résolutions :
1. On se fixe des horaires de travail
Fixez-vous des horaires de travail tout en les adaptant au rythme de vos enfants. Vous pouvez démarrer dès 7h avec vos mails pendant que les enfants dorment ou prennent leur petit déjeuner et les activités qui vous demandent de la concentration lorsqu’ils font la sieste ou jouent dans leur chambre. Personnellement, je suis une adepte de la tranche 21H – 23H, ce qui me permet d’arrêter de travailler à 17h pour reprendre quand les enfants sont couchés. Bref faites en fonction de vous et de l’âge de vos enfants !
2. On s’aménage un espace de travail
Essayez de vous aménager un espace à vous dans la cuisine ou dans votre chambre si vous n’avez pas de bureau et si vos enfants n’ont pas besoin d’être surveillés. Dans le cas contraire, la table du salon peut faire l’affaire si vos enfants ont besoin de surveillance.
3. On établit des règles claires
On ne mélange pas travail et tâches quotidiennes. La vaisselle, la machine ou plier le linge attendront le soir. Si on gère le boulot, les enfants et en plus la maison dans la journée, on ne s’en sort pas.
4. On implique les enfants
On les prévient et on leur explique la situation quel que soit leur âge (les enfants comprennent tout) : « C’est une situation exceptionnelle, papa et maman doivent aussi travailler donc il va falloir écouter et essayer d’être calme surtout si on est au téléphone ». Ça ne marche pas forcément mais au moins l’enfant est informé de la situation.
5. On planifie aussi la journée des enfants
Prévoyez un planning journalier pour les enfants avec leurs activités et revoyez-le ensemble dès le matin. Si vos enfants savent de quoi sera faite la journée, ils gagneront en autonomie et viendront moins vous déranger dans votre travail.
6. On fait des pauses
Tout le monde tourne en rond et perd son calme ? Il est temps de faire une pause. On sort en bas de chez soi si on a pas de jardin ou de balcon (en faisant attention aux règles d’hygiènes et de sécurité bien sûr !). Si on ne veut pas sortir, on improvise une séance de médiation familiale (les applis telles que petit bambou ou les livres comme « calme et attentif comme une grenouille » peuvent bien aider).
7. On déculpabilise !!!
C’est une situation d’urgence, donc on fait comme on peut : ce ne sera pas la fin du monde si vous mettez vos enfants devant Peter Pan pour être tranquille
Bref, on adopte le bon état d’esprit et on s’organise… Car, on va tous être dans la même situation et pas seulement les femmes…
II- Changeons notre état d’esprit !
Après avoir plus de 10 ans pratiqué le télétravail et managé des équipes à l’international dans les ressources humaines, je peux témoigner du fait que combiner télétravail et enfants à la maison, c’est possible. Surtout lorsque tout le monde est dans le même état d’esprit.
Dans mon ancienne entreprise (anglo-néerlandaise) la culture du télétravail était largement répandue, pour des raisons d’organisation (équipes éparpillées un peu partout dans le monde), logistiques (moins de bureaux disponibles, plus de salariés à domicile) et de qualité de vie (l’équilibre vie privée/vie professionnelle est beaucoup plus important aux Pays-Bas qu’en France). Au début de ma première prise d’un poste dans une équipe internationale, j’étais choquée lors de mes téléconférences d’entendre des enfants en fond sonore. Plus encore lorsqu’un matin, en plein milieu d’une téléconférence avec des collègues a de Londres, Singapour et Kuala Lumpur, ma manager de l’époque (vice-présidente RH d’une entité de 15 000 personnes) nous dit « désolé je vous quitte 20 minutes, je dois emmener les enfants à l’école ». Je me suis alors dit : « elle est gonflée quand même… ». Puis étant de plus en plus confrontée à ce genre de situations et voyant que cela ne choquait personne d’autre que moi, j’ai réalisé les biais inconscients que j’avais développés dans le cadre de notre bonne vieille culture française des modes de travail.
Et je me suis finalement très bien faite à cette nouvelle façon de fonctionner. Sachant que nous étions tous en télétravail (les hommes comme les femmes), pour des raisons différentes (contraintes d’horaires, politique de gestion des bureaux, choix délibéré de ne pas travailler le mercredi pour gérer les enfants), nous étions bienveillants les uns envers les autres. Et petit à petit, je n’ai plus fait attention aux aboiements d’un chien ou aux pleurs d’un enfant en fond sonore…
Je me rappelle aussi cette collègue malaysienne qui un jour allaitait son enfant pendant une téléconférence car il était 20h chez elle et que c’était le seul créneau possible pour se réunir avec l’Europe. Personne n’a rien dit car c’était déjà bien qu’elle se joigne à nous.
J’ai donc souvent travaillé de la maison avec les enfants. C’est vrai que ce n’est pas toujours facile mais c’est faisable surtout lorsque tout le monde connait les contraintes des uns et des autres et que ces contraintes sont (enfin) partagées.
III- Appliquons des règles simples
Pour que cela fonctionne avec son entreprise et ses collègues, on suit quelques règles simples :
1. On n’hésite pas à demander de l’aide
Si on est en couple, on se rappelle qu’on est deux. Ce n’est pas forcément maman qui va rester toute seule à la maison avec les enfants tout en travaillant. On reste à deux, on est la « team parents » et on se relaie en fonction des urgences de nos jobs. Pour les parents célibataires, on essaye de faire appel à la famille ou à des amis pour assurer des tours de garde. La solidarité s’organise en période de crise !
2. On expose clairement notre situation
On informe ses collègues qu’on travaille de la maison avec X enfants de tel âge et que donc il n’y aura pas de téléconférence sur les heures de déjeuner et goûter. (Rappelez-vous : à situation exceptionnelle, modes de travail exceptionnels).
3. On annonce la couleur
Vous assistez à une téléconférence avec les enfants dans la même pièce ? Prévenez en début de réunion : je suis à la maison donc c’est normal si vous entendez des bruits de fonds ou si je dois m’absenter car mon aîné est en train d’étrangler son petit frère.
Conclusion
Oui la situation n’est pas facile et chacun devra plus ou moins s’adapter selon l’âge de l’enfant.
Mais nous avons la chance d’avoir tous les outils technologiques nécessaires pour s’organiser et garder le contact avec nos clients, collègues ou fournisseurs.
Et puis notre santé, celles de nos ainés et de nos enfants doivent rester notre priorité. Alors prenons du recul sur cette situation, qui aura le mérite de renforcer le lien familial et j’en suis sûre favoriser à l’avenir le télétravail !
Petit bonus : je vous propose de vous partager dès lundi mes propositions d’activités avec des enfants en crèche ou en primaire.
Solenne.
Fondatrice de Soft Kids
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